CHARTREUSE NORD-CHAMBERY

Excursion géologique du lundi 20 juin 2011
Accompagnateur : Daniel Fournier

Itinéraire : Grenoble, Col de la Placette, Saint-Laurent-du-Pont, Saint-Christophe-sur-Guiers, montée du Riondet, Côte Barrier, Saint-Jean-de-Couz, Saint-Thibaud-de-Couz, Vimines, Chambéry.
Cartes : Cartes géologiques au 1/50 000, Grenoble 772, Voiron, Montmélian.
               Cartes IGN 3333 OT et 3332 OT
Références : Alpes de Savoie par J. Debelmas  et site de Maurice Gidon : www.geol-alp.com

Contexte général : Le Massif de Chartreuse est un massif subalpin formé d’épaisses séries sédimentaires où les barres de calcaires, généralement urgoniens, mais aussi tithoniques, « festonnent » un paysage agrémenté de chevauchements et de plis. L’objectif de l’excursion, située principalement dans le Parc Naturel de Chartreuse (partie nord), est d’abord une étude morphologique de cette région à partir de la vallée des Couz, puis un examen des carrières et des matériaux qui ont servi pour l’industrie ou qui sont entrés dans la construction des principaux édifices du vieux Chambéry (qui sera visité en fin de journée).

Principaux sites observés et affleurements rencontrés

• Route de Saint-Christophe. Observation du paysage. La faille de Voreppe passe sous les contreforts de la Grande Sûre (1920 m), qui domine les lieux. Anticlinal des Raz. Vallée glaciaire, plaine d’origine glaciaire et lacustre (Wurm). Panorama depuis la Grande Sûre jusqu’à l’Outheran. Barre de calcaires urgoniens où l’on retrouve des pointements en forme de U et la faille de Beauvoir qui « remonte » la falaise urgonienne. Etude du fonctionnement de la faille de Beauvoir : phase d’extension à l’Oligocène, invasion marine au Miocène (dernière invasion de la région), compression au Messinien (Miocène Supèrieur) qui redresse la faille. Observation d’un crochon de la faille de Beauvoir dans une carrière dans l’Urgonien, glissements couches sur couches particulièrement nets et faciès patiné par les phénomènes météorologiques de la couche que l’on peut toucher.

• Frontière France-Savoie (entrée dans le Parc Naturel). Arrêt au Pont Romain (Urgonien) et visite du canyon creusé durant les périodes glaciaires, avec, sans doute, un tunnel sous-glaciaire d’origine. Le canyon va s’encaisser sous les alluvions de la plaine toute proche. Observation de flexures (plis monoclinaux) dans l’Urgonien du canyon et de crochons de failles. Le canyon débouchait naturellement à un niveau supérieur de la plaine, qui avait subi la déglaciation et qui a été érodée. Pour sortir de ce canyon, emprunté autrefois, et arriver dans la plaine, il fallait utiliser des échelles : d’où le nom de la commune,« Les Echelles ».

• Panorama du Riondet. Etude géomorphologique depuis le Vercors jusqu’à la montagne de l’Epine, en passant par le col de la Placette, la Grande Sûre (Valanginien), les trois niveaux d’Urgonien, le Jurassique (Tithonique), les épaulements molassiques, les anticlinaux, les synclinaux et les plaines glaciaires, la Cochette. Présentation d’une coupe géologique générale de ce panorama.

• Côte Barrier. Passage devant une cheminée de briques, vestige d’une usine qui a servi, de 1890 à 1962, à la cuisson des briques issues des sables fins de la région. A Côte Barrier : sables très fins, très siliceux, formés sous un climat chaud de l’Eocène et calcaires sénoniens à petits bancs. Une mâchoire de lophiodon (sorte de tapir vivant à l’Eocène) a été découverte dans les sables. Ces sables extraits d’une cavité karstique ont servi, entre autres, à la confection de moules de fonderie. Les lauzes, à petits bancs, extraites manuellement, servaient de matériaux de construction. Il est à noter que, les ouvriers travaillaient, non face à la paroi, mais de coté ; il s’ensuit que le front de taille, maintenant abandonné, présente une haute et curieuse pente négative. Un ancien four de cuisson des sables est proche du site.  

A l’Auberge du Tunnel, où s’est déroulé le déjeuner, on a l’un des départs de la Voie Sarde (ancienne voie romaine de Chambéry à Lyon et qui a été élargie à l’époque des ducs de Savoie). Ce lieu est aussi le départ de la visite des grottes des Echelles.

Carrières de Vimines. Vimines se trouve sous le flanc de l’anticlinal de l’Epine ; des paquets de roches compactes formées d’éléments anguleux, dans les calcaires urgoniens à  sénoniens, se sont écroulés durant l’Oligocène pour former les carrières dont l’exploitation est abandonnée. Certains éléments de cette roche sont entourés de  voiles algaires fossilisés d’oncolites, voiles qui se sont formés dans un milieu marécageux. La pierre de Vimines, très décorative, a servi au dallage ou aux colonnades d’édifices religieux (église Saint-Laurent de Grenoble,  cathédrale de Chartres…), mais aussi à la fabrication de petits bijoux.                 

Chambéry.  Pour la construction de la plupart des édifices de Chambéry, on a  utilisé des matériaux de provenance locale : calcaires tithoniques de Lémenc, calcaires à ciment berriasiens de Montagnole, calcaires bicolores valanginiens du Fontanil, urgoniens du Granier, sénoniens de Saint-Jean-de-Couz, ainsi que des calcaires molassiques plus faciles à travailler.
Passage par la rue de Lans (pierres de Lémenc), l’hôtel de ville (urgonien et escaliers en calcaires de chouin), église Notre-Dame (calcaires de Lémenc, calcaires de Vimines), les Quatre-Sans-Culs (calcaires de Lémenc, calcaires valanginiens), théâtre Charles Dullin (sommet en molasse, base calcaires de Lémenc, soubassements en roches du Mont-Cenis très métamorphisées), rue Croix-d’Or et hôtel Costa du XVIIème siècle (arches d’entrées en calcaires de Vimines), cathédrale Saint-François (calcaire de Lémenc et molasse), château des Ducs de Savoie (calcaires de Lémenc et molasse).

                                                                              Désiré Corneloup         Juin 2011

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